Position de l'ANAQ concernant la décision de Santé Canada de permettre l'ajout de caféine dans toutes les boissons gazeuses sans qu'il soit obligatoire de l'écrire sur l'emballage
Montréal, le 26 avril 2010 - L'Association des naturopathes agréés du Québec (ANAQ) se questionne sur la vraie raison qui amène Santé Canada à permettre l'ajout de caféine dans les boissons gazeuses sans exiger que cela soit indiqué sur l'étiquette du produit. Est-ce que Santé Canada ne banaliserait pas l'importance pour la santé d'en limiter la consommation en permettant à l'industrie alimentaire d'ajouter de la caféine dans toutes les boissons gazeuses sans plus d'exigence. Pour le consommateur, il est clair qu'avec cette nouvelle réglementation, il lui sera plus difficile, voire impossible de savoir quelle est sa vraie consommation de caféine. Or, la recommandation officielle de caféine tourne autour de 400 mg par jour pour un adulte moyen et de 85 mg pour un adolescent. Environ 90% des adultes en consomment à tous les jours. Au Québec, toutefois on rapporte que 44% des adolescents consomment quotidiennement des boissons gazeuses. Si on retrouve 53 mg de caféine dans une cannette tel que permis par ce nouveau règlement, soit le tiers d'une tasse de café, on réalise que l'apport maximal dans une journée est vite dépassé lorsqu'on ajoute tous les autres apports d'aliments et boissons contenant de la caféine.
Or, consommer de la caféine en grande quantité et à tous les jours peut amener une personne à développer une hypersensibilité à cette substance et se retrouver avec un syndrome que l'on nomme le caféinisme, soit une condition médicale amenant dépression, nervosité, irritabilité, maux de tête récurrents et insomnie. On reconnaît que les personnes anxieuses ou stressées ont de fortes chances d’y être très sensibles. La caféine, c’est bien connu, stimule le mental et le physique. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que celle-ci altère de façon significative la biochimie du cerveau et on peut définitivement en devenir accro. Elle a plusieurs effets dans le corps. En voici quelques uns :
1. Celle-ci dérange le métabolisme en augmentant le taux de sucre sanguin. Elle peut contribuer à l'hypoglycémie et au diabète.
2. La caféine peut induire le syndrome de fatigue chronique par son effet stimulant sur les glandes surrénales. Dans l’immédiat, la personne aura un regain d'énergie avec la consommation de café, mais avec le temps, elle verra sa fatigue s’aggraver.
3. Également, on a établi un lien entre la consommation de caféine et les seins fibrokystiques. La caféine, la théophylline et la théobromine (que l’on retrouve aussi dans le chocolat) sont des substances qui peuvent augmenter la production de tissus fibreux dans les seins. De plus, cela aurait une incidence sur l’importance du syndrome prémenstruel surtout au niveau de l'humeur.
4. Elle peut aussi interférer avec le système immunitaire et induire des troubles allergiques.
5. Elle peut aggraver les ulcères de par le fait qu’elle augmente la production d’acide chlorhydrique dans l’estomac. On verra aussi l’augmentation du cholestérol et des triglycérides chez les buveurs de café ainsi que les troubles de haute pression.
6. Elle a un effet diurétique et draine hors du corps beaucoup de minéraux dont le calcium en plus d’interférer avec l'absorption de ceux-ci.
7. La caféine est en fait un stimulant du système nerveux central. On a établi un lien important entre la consommation excessive de caféine et les troubles de panique qui entraînent de sensations psychologiques et physiologiques intenses dont les palpitations, les serrements au cœur, des étourdissements, des engourdissements, de la difficulté à respirer et de l'hyperventilation. Ce trouble est assez commun chez les jeunes adultes.
Considérant la liste impressionnante de troubles de santé associés à une consommation élevée de caféine, il y a lieu de se demander si Santé Canada n'a pas plus à plaire à l'industrie alimentaire qu'elle a à cœur la santé des Canadiens. L'ANAQ déplore une telle initiative d'un ministère qui se veut une référence pour la population en matière de santé.